Colette Vivier, « épouse assistée et autorisée de son mari »

Je vous ai déjà parlé de cette autrice formidable à qui nous devons La Maison des petits bonheurs (1939, Prix Jeunesse), La Rue des Quatre-Vents (1946), La Porte ouverte (1955)… Des romans éblouissants de modernité que j’ai eu la chance de pouvoir rééditer chez Casterman. Sous ses allures de petite femme discrète, elle révolutionna l’écriture pour la jeunesse.

Quand en 1932, elle signa un de ses premiers contrats d’auteur (n’imaginez pas que le mot autrice avait cours alors), le contrat est au nom de « Madame J. Duval, épouse assistée et autorisée de son mari Jean Duval ».

Je suis à peu près certaine que son mari, Jean Duval, n’était pour rien dans ce libellé confondant. Il est heureux que Colette Vivier ait un droit d’auteur d’ailleurs : la loi sur les droits d’auteurs, proposée par Jean Zay au moment du Front Populaire, sera accueillie avec colère par le Syndicat national de l’édition et enterrée jusqu’en 1957… Mais si on lui accorde 5% sur la vente de ses livres, son collègue masculin Léonce Bourliaguet, lui, en mérite 7,5%… Après, on s’étonne que les filles s’énervent, mais si elles ne s’énervent pas, que croyez-vous qu’il advienne ? Source : archives Hachette, IMEC- merveilleux lieu de recherches !