Etre poli avec les enfants qui survivent en nous

Mon travail du jour m’offre une belle citation de Claude Roy. Il parle ici de ce que signifie écrire pour les enfants : « Cet enfant qui ne voulait pas dormir, j’ai essayé de rester en bonnes relations avec lui. C’est relativement facile : l’enfant qui ne veut pas dormir est le frère de la grande personne qui ne voudrait jamais mourir. Je tâche d’être aussi poli et attentif avec les enfants qui survivent en moi et les vieux hommes qui trouvent refuge sous ma peau qu’avec les enfants vivants qui m’entourent et les vieilles personnes que j’aime bien. »(Histoire du livre de jeunesse d’hier à aujourd’hui, en France et dans le monde, Gallimard jeunesse, 1993)

Elle rejoint cette autre citation, de Claude Roy elle aussi, qui m’accompagne depuis longtemps : « Le Mal et le malheur existent. Faut-il à tout prix en tenir abrités les enfants ? Les préserver au chaud, à l’abri du malheur – et de la vie -, aveugles, sourds, heureux. » (préface à l’album La Grande peur sous les étoiles, de Jo Hoestlandt, éditions Syros, 1993).

Il serait dommage, décidément, d’oublier Claude Roy (sa poésie bien sûr, et son bouleversant Permis de Séjour, Gallimard, 1986).