En ce moment, je fais un travail de rétrospection sur un demi-siècle d’édition. Beaucoup d’interviews, beaucoup d’enthousiasme, des regards attendris sur le passé, beaucoup de femmes… Un petit air trotte dans nos têtes à toutes : aujourd’hui ce que nous avons supporté sans penser que c’était insupportable ne passerait plus. Les jeunes générations ont raison de secouer leurs métiers et ces colères sont fécondes.
Relire le passé à la lumière du présent est un exercice intranquille. Nous nous sommes battues pourtant : pour travailler avant les trente-cinq heures, pour élever nos enfants, pour leur proposer des livres qui les fasse acteurs d’un monde différent. Et, quand même, dans notre océan d’imperfections, nous avons réussi un truc fou : c’est nous qui avons élevé ces filles et ces garçons qui aujourd’hui portent plus loin et plus fort leur exigence de justice et de dignité. De ça, au moins, nous pouvons être fières/fiers.